Lettre ouverte aux décideurs (02/2004)
Il faut avoir de l’argent à jeter par la fenêtre pour acheter bon marché

Un chef d’entreprise, prestataire de services à haute valeur ajoutée pour de grandes entreprises publiques françaises et internationales, avait vivement réagi sur notre article de janvier 2003 « La maintenance et le picotin de l'âne Martin » et je l’avais invité il y a quelque temps à nous faire part de ses propres expériences.

Il a choisi de s’exprimer sous forme pamphlétaire dans une lettre ouverte aux décideurs qu’il n’a pas voulu signer de crainte que les acheteurs à qui il a eu à faire ne se reconnaissent et exercent des représailles contre son entreprise.

Voici donc, pour ce début 2004, sa contribution telle qu’il a choisi de la formuler.

  

La mode actuelle est à la simplicité (parfois appelée réactivité !) :

- un programme TV ne plaît pas : on zappe et cela permet même de voir (mal ) plusieurs programmes en même temps ;

- le chef d’une entreprise cotée en bourse s’exprime mal ou est trop franc : le marché zappe et se porte sur d’autres actions, quitte à en changer à nouveau le lendemain ;

- un fournisseur fidèle ne plaît plus ( le meilleur est toujours celui que l’on a pas eu depuis longtemps ) ou est un peu plus cher que le concurrent : le client zappe et il verra plus tard pour les conséquences.

Emportées par une réactivité brownienne et poussées par l’argument réducteur et simpliste du plus bas prix, les entreprises font de plus en plus leurs achats à la manière de la «grande distribution ». Un représentant qualifié d’une grande enseigne m’a confié : «  nos acheteurs peuvent acheter n’importe quoi » -- « et cela se voit » lui ai-je répondu – un silence ! !.

Qui, en effet, n’a jamais acheté en grande surface des simulacres de produits, certes à bas prix, mais totalement impropres à leur destination et qu’il a donc fallu remplacer par de vrais produits en payant une seconde fois ? . Heureusement, nul ne peut espérer tromper tout le monde sur tout, partout et longtemps.

La méthode « acheteur de pots de yaourt » est depuis quelques années appliquée par la plupart des entreprises qui se disent grandes et appellent volontiers cela du management moderne ! !.

C’est ainsi que les constructeurs d’automobiles fabriquent maintenant des voitures ayant une bonne qualité mécanique mais bourrées d’un magma électronique, sous-traité à bas prix, aussi éphémère que capricieux : pannes aléatoires et fugitives qui se cachent dès que la voiture arrive chez le concessionnaire.. Seul est alors proposé un remplacement majeur et coûteux de l’ensemble électronique qui paraît concerné. Il n’est pas alors étonnant que l’automobiliste de base, pour qui la voiture est un instrument lui servant à se déplacer,(oui cela existe !) , soit enclin à garder sa vieille voiture, qu’il a fini par maîtriser, par crainte de l’inconnu et d’une nouvelle galère. C’est probablement l’un des facteurs de la régression actuelle des ventes de voitures neuves.

De même, de grandes entreprises privées et publiques achètent équipements et services au moins disant et changent de fournisseur dès qu’un nouveau apparaît moins cher ou contraignent le fournisseur en place à s’aligner sur le prix le plus bas, quitte à le conduire à disparaître plus ou moins rapidement.

 suite du Billet F

 

 

  

  

  

  

   

 

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